Historique du programme

La première version de Phénix a été développée en 2006, dans le cadre d’un projet-pilote. Élaborée dans le respect des étapes proposées par l’intervention ciblée (Intervention Mapping; Bartholomew, Parcel et Kok, 2006), l’intervention de groupe visait à amener les hommes gbHRSH séronégatifs à adopter des stratégies de réduction des risques sans compromettre leur satisfaction sexuelle. Elle a été implantée puis évaluée dans deux milieux, l’un communautaire (Séro-Zéro, devenu RÉZO), l’autre clinique (CSSS Jeanne-Mance). Les résultats de la validation du programme ont montré, d’une part, sa pertinence à promouvoir la réduction des risques sexuels et son efficacité à modifier certains des facteurs impliqués dans l’exposition aux risques, et d’autre part, un haut niveau d’appréciation chez les participants. En 2010, Phénix a été adapté afin de le rendre accessible aux hommes gbHRSH séropositifs ; un atelier sur le dévoilement ou le non-dévoilement de son statut sérologique a été ajouté. En 2012, le programme a été adapté culturellement pour les hommes gbHRSH de Toronto, puis pour les hommes gbHRSH du Burkina Faso en Afrique en 2013-2014.

Au fil de ces années, le programme a été offert en continu par certains organismes communautaires, principalement dans la région de Montréal. Le besoin de le mettre à jour se faisait toutefois de plus en plus ressentir. Phénix devait refléter les nouvelles avancées en matière de stratégies de réduction des risques (PrEP, charge virale indétectable, prévention combinée, etc.), puisque sa première version était surtout centrée sur l’utilisation du condom. De plus, le matériel audiovisuel, quelque peu désuet, n’était plus utilisé par plusieurs animateurs.

En 2015-2016, le programme Phénix a été complètement revu afin de mettre à jour le contenu, de créer de nouveaux outils (incluant les vidéos d’habiletés érotiques), d’uniformiser le tout pour que le programme soit adapté à la réalité de tous les hommes gbHRSH, peu importe leur statut sérologique, puis d’en produire une version pouvant être offerte en format individuel. Dans une approche de recherche communautaire, une vaste consultation a d’abord été menée : des anciens participants ont été rencontrés dans le cadre de groupes de discussion, des intervenants ayant animé le programme et autres informateurs clés ont été rencontrés individuellement, et une journée de consultation auprès d’organismes communautaires a été organisée. Ces consultations ont permis d’identifier les forces et les lacunes du programme, ainsi que les besoins des milieux. À partir de ces constats, le programme a été mis à jour avec l’aide d’un comité consultatif composé d’intervenants communautaires et d’anciens participants. Il a été produit en deux versions : une version de groupe composée de six ateliers de 3 heures, et une version individuelle composée de quatre ateliers de 1h30 et d’un atelier additionnel créé spécifiquement pour les personnes séropositives. La version individuelle a été conçue pour être offerte en présentiel ou par visioconférence.

En 2017-2018, le programme Phénix révisé a été implanté dans 10 sites (cliniques, communautaires et universitaires) à travers le Québec, la plupart des sites ayant offert le programme à plus d’une reprise. Parmi les 25 personnes ayant reçu la formation permettant d’offrir le programme dans leur milieu, 14 personnes ont animé Phénix. Au total, 81 hommes ont reçu la version révisée du programme Phénix, soit en format de groupe (8 groupes, pour un total de 47 participants) ou en format individuel (34 participants, dont 31 l’ont suivi en présentiel et 3 par visioconférence). Plusieurs collectes de données simultanées ont permis d’évaluer l’implantation du programme dans les milieux, les effets du programme sur les participants, ainsi que l’appréciation des participants et des animateurs à l’égard du programme.

En 2019-2020, à la lumière des conclusions de l’évaluation, le programme a été légèrement modifié ; les activités les moins appréciées ont été revues, quelques activités ont été ajoutées, et le nombre d’ateliers a été augmenté afin de laisser plus de place à la discussion. Le programme, ses outils et la trousse d’animation qui l’accompagne ont été produits dans leur version finale. Le programme a été offert gratuitement aux organisations à travers le Québec et le Canada dans ses quatre formats : de groupe et individuel, en français et en anglais.

Description du programme

Certains concepts chapeautent l’ensemble du programme et ont servi de ligne directrice dans la conception des ateliers. Ceux-ci témoignent de l’approche privilégiée dans Phénix :

  • Le bien-être sexuel est un concept central dans le programme Phénix. Il renvoie à une évaluation subjective positive de sa vie sexuelle actuelle. Il inclut un sentiment de satisfaction physique et psychologique en lien avec sa vie sexuelle, ainsi que des sentiments de bonheur avec soi-même, avec l’autre et dans sa vie en général.

  • Le terme érotisme est utilisé dans un sens très large et renvoie non seulement aux activités de stimulation des zones érogènes tant génitales que non génitales, mais également à l’ensemble des sources susceptibles d’éveiller l’excitation sexuelle. Les sources de stimulation sont multiples : elles renvoient tout autant à la stimulation du corps avec ses mains, avec le corps de l’autre ou avec des objets, qu’à des sources de stimulation telles que les fantasmes, les souvenirs érotiques, les gestes romantiques, etc.

  • Dans le programme Phénix, la réduction des risques est considérée selon une approche de réduction des méfaits. Celle-ci fait référence au désir de réduire les conséquences négatives d’un comportement, sans nécessairement l’éliminer complètement. Pour y arriver, le programme Phénix propose la mise en place de diverses stratégies de réduction des risques ayant des cibles variées. L’idée est de combiner les stratégies qui conviennent à ses besoins, à ses pratiques et au contexte de chaque contact sexuel. Cette combinaison peut changer d’un partenaire à l’autre et peut évoluer au fil du temps.

Le déroulement des ateliers Phénix se divise en quatre parties :

  • L’accueil et le retour sur le dernier atelier. Pour commencer la rencontre, un exercice de centration est proposé aux participants ; celui-ci leur permet de se déposer dans l’atelier et de se centrer sur la thématique de la rencontre. Un retour est ensuite fait sur l’atelier précédent et les devoirs et défis complétés, puis le contenu de la rencontre est présenté.

  • Les activités liées au thème de l’atelier. De multiples thématiques sont abordées pendant les ateliers : les préférences sexuelles, le risque dans la sexualité, les ITSS, le consentement sexuel, les vulnérabilités à la prise de risque, les stratégies de réduction des risques, etc. Chaque atelier comporte un thème précis et les activités constituent le fil conducteur menant vers l’atteinte des objectifs du programme.

  • La demi-heure érotique. Ce qui fait la particularité de Phénix, c’est l’intégration d’un espace appelé « la demi-heure érotique » où il est possible d’échanger au sujet de diverses habiletés érotiques, à la fin de chaque atelier. Les participants ont alors l’opportunité de revisiter leur érotisme et leur sexualité dans le cadre de discussions avec vidéos érotico-éducatives à l’appui, ou d’exercices kinesthésiques (par exemple, sur la respiration ou le massage sensuel). Les habiletés discutées sont, par la suite, mises en pratique à la maison par l’entremise de techniques de nature érotique à faire seul ou avec un partenaire.

  • La présentation des devoirs et défis et le mot de la fin. Chaque semaine, une liste de devoirs et défis est présentée aux participants. En ce qui concerne les devoirs, la majorité d’entre eux sont facultatifs et leur permettent d’approfondir les sujets abordés en atelier. Les devoirs obligatoires sont, pour la plupart, des exercices qui doivent être faits pendant les ateliers et qui devraient être terminés à la maison, au besoin. En ce qui concerne les défis, certains sont de nature érotique et visent à mettre en pratique les habiletés discutées, tandis que d’autres sont de nature personnelle et interpersonnelle et visent plutôt à pratiquer des aptitudes mises à profit dans un contexte relationnel (par exemple, la communication, la séduction, la confiance en soi). L’atelier se clôt ensuite par un tour de table permettant de faire le point sur l’état de chaque participant.

Programme de groupe

Le programme de groupe Phénix débute par une rencontre d’accueil d’une durée de 1h30, qui vise à présenter le programme aux participants potentiels et à briser la glace. Les participants qui décident de poursuivre s’engagent alors dans un programme composé de sept ateliers d’une durée de 3 heures chacun. Ces ateliers se déroulent en petit groupe de six à huit participants et sont animés par deux personnes. Au fil des ateliers, les participants sont amenés à mieux se connaitre, à acquérir de nouvelles connaissances, à mieux comprendre leur prise de risque et à se fixer des objectifs afin d’améliorer leur bien-être sexuel. Entre le sixième et le dernier atelier s’écoulent trois semaines, qui permettent aux participants de mettre en pratique le plan d’action qu’ils auront développé au cours des ateliers.

Atelier d’accueil

L’atelier d’accueil permet d’introduire le programme, de formuler ses attentes et motivations et d’établir les bases entre les participants afin de favoriser une dynamique de groupe. La demie demi-heure érotique porte sur les techniques de respiration.

Atelier 1 : La sexualité

Le premier atelier permet d’entrer graduellement dans la matière. Le centre d’intérêt est la sexualité dans sa globalité, ainsi que la signification de celle-ci pour les participants. Les activités visent à favoriser l’exploration et la reconnaissance de ses propres préférences sexuelles. La demi-heure érotique porte sur la sensualité et les techniques de massage sensuel.

Atelier 2 : Le risque

Le deuxième atelier vise à susciter chez les participants une réflexion quant à la notion de risque, ainsi qu’aux niveaux de risque acceptables pour chacun. Une activité vise aussi à démystifier certaines notions entourant les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). La demi-heure érotique porte sur les techniques de bascule du bassin et de masturbation.

Atelier 3 : Les relations

Le troisième atelier est axé sur des sujets qui concernent les relations. Les activités visent à explorer les enjeux liés au dévoilement de son statut VIH, l’importance de la connaissance de son statut sérologique, les questions liées au VIH et à la loi, ainsi que le consentement sexuel et la communication dans ses relations. La demi-heure érotique porte sur les techniques de massage génital, ainsi que sur l’utilisation du condom.

Atelier 4 : Les vulnérabilités

Le quatrième atelier vise à reconnaitre les zones qui rendent les participants vulnérables à la prise de risque sexuel. Une activité au choix est réalisée parmi les thématiques suivantes : 1) le bien-être sexuel, 2) la consommation de substances en contexte sexuel ou 3) le dévoilement (ou non) de son statut sérologique (exclusive aux personnes vivant avec le VIH). La demi-heure érotique porte sur les techniques de sexe oral et de rimming.

Atelier 5 : La chaine

Le cinquième atelier vise à ce que chaque participant construise sa chaine du risque, c’est-à-dire d’analyser une situation où ils se sont mis à risque dans le passé, puis de discerner leurs opportunités de faire différemment dans le futur. Une activité présente d’ailleurs différentes stratégies de réduction des risques, afin de présenter l’éventail des choix possibles aux participants. La demi-heure érotique porte sur les techniques de massage anal et de pénétration anale.

Atelier 6 : Le plan d’action

Le sixième atelier vise à susciter chez les participants une réflexion sur les différentes combinaisons possibles de stratégies de réduction des risques et d’habiletés érotiques dans leur sexualité, en fonction de divers contextes. La rédaction du plan d’action est centrale dans le cadre de cet atelier. La demi-heure érotique porte sur les jouets sexuels.

Atelier 7 : Le bilan

Le dernier atelier sert à faire le point sur la mise en œuvre du plan d’action des participants, ainsi qu’un retour sur leur expérience Phénix. La dernière demi-heure érotique vise à démystifier la sexualité kinky.

Programme individuel

Le programme individuel Phénix débute par une rencontre d’accueil d’une durée de 30 minutes qui peut avoir lieu en personne, par visioconférence ou par téléphone, et dont l’objectif est de présenter le programme au participant potentiel. S’il décide de poursuivre, le participant s’engage alors dans un programme composé de six ateliers d’une durée de 1h30 chacun, puis d’un atelier bilan de 30 minutes. Ces six ateliers se déroulent en personne ou par visioconférence, tandis que l’atelier bilan peut aussi se faire par téléphone, si désiré. Au fil des ateliers, le participant est amené à mieux se connaitre, à acquérir de nouvelles connaissances, à mieux comprendre sa prise de risque et à se fixer des objectifs afin d’améliorer son bien-être sexuel. Entre le sixième et le dernier atelier s’écoulent trois semaines qui permettent au participant de mettre en pratique le plan d’action qu’il aura développé au cours des ateliers.

Atelier d’accueil 

L’atelier d’accueil permet d’introduire le programme, de formuler ses attentes et motivations et d’établir les conditions d’engagement au programme avec le participant.

Atelier 1 : La sexualité

Le premier atelier permet d’entrer graduellement dans la matière. Le centre d’intérêt est la sexualité dans sa globalité, ainsi que la signification de celle-ci pour le participant. Les activités visent à favoriser l’exploration et la reconnaissance de ses propres préférences sexuelles. La demi-heure érotique porte sur les techniques de respiration et de massage sensuel.

Atelier 2 : Le risque

Le deuxième atelier vise à susciter chez le participant une réflexion quant à la notion de risque, ainsi qu’aux niveaux de risque acceptables pour lui selon divers contextes. Une activité vise aussi à démystifier certaines notions entourant les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). La demi-heure érotique porte sur les techniques de bascule du bassin et de masturbation.

Atelier 3 : Les relations

Le troisième atelier est axé sur des sujets qui concernent les relations. Les activités visent à explorer les enjeux liés au dévoilement de son statut VIH, l’importance de la connaissance de son statut sérologique, ainsi que le consentement sexuel dans ses relations. La demi-heure érotique porte sur les techniques de massage génital, ainsi que sur l’utilisation du condom.

Atelier 4 : Les vulnérabilités

Le quatrième atelier vise à reconnaitre les zones qui rendent le participant vulnérable à la prise de risque sexuel. Une activité au choix est réalisée parmi les thématiques suivantes : 1) le bien-être sexuel, 2) la consommation de substances en contexte sexuel ou 3) le dévoilement (ou non) de son statut sérologique (exclusive aux personnes vivant avec le VIH). La demi-heure érotique porte sur les techniques de sexe oral et de rimming.

Atelier 5 : La chaine

Le cinquième atelier vise à ce que le participant construise sa chaine du risque, c’est-à-dire d’analyser une situation où il s’est mis à risque dans le passé, puis de discerner ses opportunités de faire différemment dans le futur. Une activité présente d’ailleurs différentes stratégies de réduction des risques, afin de présenter l’éventail des choix possibles au participant. La demi-heure érotique porte sur les techniques de massage anal et de pénétration anale.

Atelier 6 : Le plan d’action

Le sixième atelier vise à susciter chez le participant une réflexion sur les différentes combinaisons possibles de stratégies de réduction des risques et d’habiletés érotiques dans sa sexualité, en fonction de divers contextes. La rédaction du plan d’action est centrale dans le cadre de cet atelier. La demi-heure érotique porte sur les jouets sexuels et la sexualité kinky.

Atelier bilan

Le dernier atelier sert à faire le point sur la mise en œuvre du plan d’action du participant. Un retour est aussi effectué sur l’ensemble de son expérience Phénix.

Nos partenaires

Plusieurs chercheurs et organismes communautaires ont coopéré avec l’équipe Phénix pour en faire un programme solide sur le plan théorique, mais réaliste sur le plan pratique.

Équipe de recherche

Chercheurs principaux :

Joanne Otis, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Martin Blais, UQAM

Coordination et conception

Jessica Caruso, M.A

Marie Latendresse, M.A

Ludivine Veillette-Bourbeau, M.Sc.

Agentes de recherche, Département de sexologie,

Faculté des sciences humaines, Université du Québec à Montréal

Comité consultatif

Sylvain Beaudry, ACCM

Patrice Bécotte, B.A. sexologie

Pier-Luc Chouinard, Maison Plein Cœur

Nicolas Courcy, Centre Sida Amitié

Gabriel Daunais-Laurin, B.A. sexologie

Gérald Julien, RÉZO

Maxime Lévesque, B.A. sexologie

Alexander McKenzie, RÉZO

Gabrielle Pitre, Maison Plein Cœur

Guillaume Tremblay-Gallant, RÉZO

Joël Xavier, MAX Ottawa

Organismes partenaires impliqués dans l’évaluation du programme

ACCM (Montréal)

Arche de l’Estrie (Sherbrooke)

BRAS Outaouais (Gatineau)

CATIE (Montréal)

Le Dispensaire (St-Jérôme)

COCQ-SIDA (Montréal)

IRIS Estrie (Sherbrooke)

Maison Plein Cœur (Montréal)

RÉZO (Montréal)


La révision et la diffusion du programme Phénix ont été soutenues financièrement par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) ainsi que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).